appel à la résistance de Roland Braun

C'est décidé, j'entre en résistance !!

Je ne supporte plus l'hypocrisie des discours officiels

 

 

 

Qui peut croire que l’intérêt des enfants a compté dans la suppression du samedi matin ?

 

Qui peut croire que les deux heures de travail personnalisé pourront compenser le travail des

maîtres spécialisés des RASED qu'on est en train de supprimer ?

Je ne supporte plus la malhonnêteté des effets d'annonce

 

 

Je ne supporte plus le harcèlement administratif

 

 

Je ne supporte plus le « flicage institutionnel »

 

 

Je ne supporte plus cette forme d’infantilisation et ce manque de confiance

 

 

Je ne supporte plus la répression rampante

 

 

Je choisis donc la colère et l’action !

Comment résister ?

Un principe d’abord : la principale priorité, la seule, ce sont nos élèves !

Tout le reste est secondaire sinon accessoire !

Faisons comme nos IEN, examinons toutes leurs exigences à la lumière d’une grille d’analyse

toute simple :

 

Est-ce que cette demande va aider mes élèves ?

 

Est-ce que cette demande me permettra de mieux faire fonctionner l’école ?

 

Est-ce que cette demande va servir à mes collègues dans leur travail quotidien au

bénéfice des élèves ?

Si la réponse à ces questions est non, alors la demande n’est pas urgente, quels que puissent

être les éventuels délais de réponse. Et si d’aventure, il n’y avait pas de réponse, il est au

moins certain que cela ne portera préjudice ni aux élèves, ni aux collègues.

Comment résister ?

 

Soyons positifs, affirmons-nous, ne restons pas isolés et ne nous laissons pas

culpabiliser !

Après tout, l'école, c'est nous qui la faisons vivre au quotidien, et elle ne fonctionne pas si

mal finalement, quoi qu'on essaie de nous faire croire. Même les enquêtes PISA et PIRLS,

utilisées comme prétexte pour tout changer ne sont pas aussi catastrophiques que certains le

prétendent, - les ont-ils lues ?

En tout cas, malheureusement, il est déjà certain, (ce n'est pas moi qui le dit mais la plupart

des chercheurs en pédagogie) que ce ne sont pas les nouvelles orientations qui feront

remonter le niveau de nos élèves.

Comment résister ?

 

Ne nous laissons pas intimider

Retournons les agressions de l’administration contre elle :

 

Il faut se déclarer gréviste 48 heures à l’avance !

Soit ! Alors déclarons-nous systématiquement grévistes. Cela ne nous engage à rien mais

annule l’intérêt de la déclaration préalable et oblige les communes à se positionner sur le

service minimum.

 

Les réunions d’information syndicale doivent être prises sur le temps de travail hors

présence élève (les fameux 48 heures) !

Qu’à cela ne tienne ; inscrivons nous massivement aux réunions d’information syndicale au

lieu de participer aux animations pédagogiques. Elles seront certainement plus

intéressantes et probablement aussi formatrices !

Comment résister ?

 

Engageons-nous dans les mouvements pédagogiques.

Ils sont en train d'être étouffés par une réduction dramatique des subventions publiques et

la suppression des postes de mis à disposition ou de détachés. Pourtant ce sont des lieux

extraordinaires de rencontres, de réflexion et de formation.

L'ICEM (Pédagogie Freinet), l'OCCE, la Ligue de l'enseignement, les PEP, la JPA, les CEMEA

et d'autres que j'oublie, ceux qu'on appelait il n'y a pas si longtemps, les oeuvres

complémentaires de l'école sont peut être les derniers remparts de cette Ecole qui prend

l'enfant dans sa globalité pour le faire avancer, pour en faire un citoyen, face au dogmatisme

et au formatage de ce qu'on cherche à nous imposer. Les trois quarts de ce qui fait ma

compétence professionnelle aujourd'hui, c'est à leur contact que je les ai acquis et non dans

l'Institution.

Comment résister ?

 

Syndiquons-nous

J'entends trop souvent des collègues me dire que les syndicats ne servent à rien.

Mais les syndicats, c'est nous !

Si nous voulons qu'ils agissent plus, mieux, qu'ils soient plus près du terrain, à nous de les

faire bouger, de les interpeller, de nous engager.

Ils n'existent

 

que pour défendre nos droits et nos valeurs.

Mais en même temps, ils n'existent

 

que par nos adhésions et notre soutien.

Je ne me suis jamais considéré comme un militant syndical, mais j'ai toujours été payé ma

cotisation syndicale, pour une raison très simple : je n'oublie pas que des personnes sont

mortes pour que nous ayons le droit, ce droit tout simple, d'être représentés et défendus

face au pouvoir en place. Je n'oublie pas qu'aujourd'hui encore, dans certains pays pas

éloignés, les syndicalistes sont menacés et assassinés.

La démocratie ne s'use que si l'on ne s'en sert pas !!

Un mot encore pour terminer. Une lecture rapide de mon texte pourrait faire croire que j'en

veux à nos supérieurs hiérarchiques directs, les IEN !

Il n'en est rien !

Je connais la plupart des inspecteurs du département. Il y en a que je compte parmi mes amis.

J'ai suffisamment discuté ou milité avec certains d'entre eux pour savoir qu'ils ne sont pas plus

emballés que moi par l'évolution actuelle de l'Ecole. Comme nous, plus que nous certainement, ils

sont pris entre le marteau et l'enclume, entre l'inertie du monde enseignant et les pressions de

leur hiérarchie.

Je ne voudrais pas être à leur place, mais ils ont choisi et comme nous, ils ont la liberté !

 

La liberté d'être de simples courroies de transmission, d'essayer de nous convaincre que tout

va bien, que les nouveaux programmes ne changent pas grand-chose par rapport aux anciens,

que l'on peut faire dans les 24 heures qui nous restent tout ce qui est demandé par ces

fameux programmes, même la religion et les trois heures d'allemand.

 

Ou la liberté de parler vrai, de défendre leurs convictions, d'être des citoyens avant d'être

des fonctionnaires !

Et peut être de résister !!!

Bon courage à vous tous.

Roland BRAUN

Directeur de l'école Saint Exupéry à Colmar

roland.braun@laposte.net

le 16 octobre 2008

Document envoyé à tous les directeurs d'école du Haut Rhin, à mes collègues de l'école, à quelques IEN ainsi

qu'à quelques amis militants dans différentes associations d'Education.

, les atteintes au droit de grève, la restriction du

droit à l’information syndicale, ….

Je me refuse à terminer ma carrière dans la dépression, en plaignant les étudiants que je croise

à l’école ou mes jeunes collègues qui ont encore quelques dizaines d’années à passer dans cette

galère.

Le découragement conduit à la résignation et à l’inaction, la colère conduit à l’action et à la

résistance.

qui consistent à

nous faire rédiger des projets (projet d’école, projet d’organisation de l’accompagnement

éducatif, …) à corriger (pardon « à valider ») par les IEN.

Au mieux, ils nous reviennent « validés » avec une remarque du style « Le projet, dans sa

formalisation et dans son contenu, est conforme aux attentes ». Bon élève !

Au pire, on nous demande de revoir notre copie.

Ou l’administration fait confiance à notre professionnalisme et je ne vois pas alors la nécessité

de valider a priori notre travail ou alors nos supérieurs estiment que nous ne sommes pas

capables de construire nous-mêmes nos projets, mais dans ce cas, qu’ils soient cohérents et qu’ils

les rédigent eux-mêmes !

Par ailleurs, quelle illusion de contrôle et de toute puissance dans ce formalisme !!

, les multiples tableaux à compléter pour

vérifier que nous faisons correctement notre travail, que nous ne tirons pas au flanc pour l’aide

personnalisée, que nous participons bien à toutes les animations pédagogiques. J’ai eu la chance

de vivre des stages de formation continue (pas beaucoup, il est vrai – mais quand même !)

passionnants, stimulants, qui interrogeaient la réflexion et les pratiques, dont je suis sorti avec

le sentiment d’avoir progressé. Que nous propose-t-on aujourd’hui ? Des grand-messes où l’on

paraphrase du « PowerPoint » durant des heures, du formatage au nouveau discours officiel, de

l’endoctrinement ! Pas étonnant dans ces conditions que les seules animations pédagogiques qui

fassent le plein soient les animations sportives. Pas étonnant dans ces conditions que les IEN

doivent demander aux directeurs de « susciter des candidatures ». Pas étonnant qu’il faille

« fliquer » pour que les gens viennent !

des courriels qui arrivent par vagues.

Lorsqu’ils ne sont pas accompagnés de pièces jointes (jusqu’à 20 dans un seul envoi !) ou de

documents à aller chercher soi-même sur le site de l’académie, il s’agit en général d’injonctions

(« merci de me transmettre – toujours dans l’urgence – telle information ») ou de rappels à

l’ordre (« Sauf erreur ou omission je n’ai pas été destinataire de tel document »). Et je suis

déchargé totalement ! J’imagine ce que doivent ressentir la grande majorité des directeurs, ceux

qui n’ont qu’une journée ou pas de décharge du tout, lorsqu’ils ouvrent leur boite aux lettres

électronique.

alors que j'assiste, chaque jour un

peu plus à une entreprise systématique et planifiée de démantèlement de l'école publique.

qui se gargarisent de grandes phrases

sur l'intérêt des élèves, sur l'égalité des chances, …, alors que les seuls critères sont comptables

avec un arrière fond idéologique pour le moins inquiétant.

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