lettre d'une directrice au collectif et réponse du hussard à la directrice

Publié le par le hussard noir

 lettre adressée au collectif avec copie à une quinzaine de personnes

Et bien nous, nous allons organiser la semaine de rattrapage avec des élèves de CP, et nous pensons que ce n'est pas une mauvaise idée.
Vous ne savez pas ce que c'est, des enfants qui viennent au CP ne sachant quasiment rien, à peine comment ils s'appellent. Malgré les années de maternelle (pas pour tous hélas !), il y a une telle indigence de vocabulaire, de savoir-être au monde, de savoir-faire, de codes sociaux et culturels, que l'apprentissage de la lecture et de l'écriture relève d'une gageure.
Permettre à quelques uns de travailler tranquillement en petits groupes, en passant par le jeu et le corps (le temps en classe ne le permet pas toujours), ne peut être que bénéfique. Et c'est au CP et au CE1 qu'on peut rattraper des choses, au CM c'est souvent trop tard.
Je vous renvoie à vos spécialistes de l'enfance auto-proclamés (les Meirieu et Cie), qui se gardent bien de mettre les pieds dans une école, surtout une école en ZEP, dans un quartier avec une population défavorisée et qui le devient de plus en plus, à tous les niveaux (économique, financier, culturel, social...), ils auraient trop peur de devoir se remettre en question.
Une directrice d'école qui en a marre des gens qui n'ont aucune hauteur ni profondeur de vue et qui sèment l'intox...

réponse à tous


Collectif de parents, enseignants et citoyens
Sauvons l'Ecole Pour Tous de la Bruche

Bonjour

Il est toujours plus facile de supposer ou de faire croire que ceux qui ne partagent pas vos opinions sont incompétents ou de mauvaise foi. Vous entamez ainsi votre courrier, sans dire bonjour, en affirmant que nous ne savons pas de quoi nous parlons. Le procédé est malhonnête et facile. Il vous amène surtout à dire une bêtise, chère collègue, car je sais de quoi je parle. Je suis instit de CP avec 27 ans de carrière dont 15 en ZEP à Marseille. 

Les difficultés, la misère que vous soulignez avec justesse, je les connais. C'est accablant de se sentir impuissant à corriger autant d'injustice. Pour autant, même en reconnaissant ce que ces stages et aide personnalisée peuvent avoir de bénéfique pour certains, pensez vous sérieusement que cinq demi-journées pendant les vacances parviendront à réduire un handicap qui, vous avez raison sur ce point, se creuse dramatiquement? Croyez vous sérieusement que ce maigre bénéfice contrebalance la perte des RASED? Ne l'oublions pas, ces aides ont été inventées pour justifier aux yeux de l'opinion publique, la disparition des RASED. 

Soyons honnêtes, les premiers à tirer profit de ces stages sont les collègues qui touchent la prime et cet argent s'il n'était pas versé par l'Etat relèverait de la corruption de fonctionnaire. Il achète les consciences avec une grande efficacité.

Les seconds bénéficiaires sont nos DRH de divers niveaux qui les utilisent pour nous diviser. Avouons là encore que l'objectif est atteint.

Enfin, je verrais un troisième gagnant: l'idéologie de la concurrence qui entend faire fonctionner les écoles publiques sur le modèle de l'école privée. Ces stages font entrer dans les faits et dans les esprits que la réussite des enfants passe par les stages, et cours particuliers hors temps scolaire.

Le bénéfice pour les enfants existe certes mais est avant tout un prétexte.

L'opinion que vous avez des pédagogues et universitaires est respectable. Il fut un temps où je la partageais. Permettez moi cependant de vous inviter à appliquer à l'égard de vos propres certitudes, le doute salutaire que vous préconisez à ces personnalités.

En effet, on pourrait croire en vous lisant; que vous-même vous craignez de vous remettre en question. On pourrait croire que vous craignez de signer votre courrier et que la violence de vos propos vient avant tout de la colère que vous éprouvez à être confrontée aux arrangements que vous avez acceptés de faire avec votre conscience. Vous toucherez bien la prime n'est ce pas? Ce n'est pas de l'intox?

J'ai tenté de vous répondre avec autant de profondeur et de hauteur de vue qu'il m'a été permis d'en avoir en vous lisant. Je conçois que ce n'est pas suffisant.

pour le collectif SEPT

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