la fin des instits
Il fut un temps où les instituteurs étaient payés pour instituer des valeurs. Valeurs républicaines, esprit des Lumières, morale laïque...
Il a été demandé par la suite aux enseignants du primaire de professer. On les a appelés des professeurs des écoles. Ils étaient des techniciens de l'enseignement, froids et efficaces.
Comme on n'arrête pas le progrès cette époque est bientôt révolue. Je viens de l'apprendre de la bouche même de notre DRH en chef, monsieur Luc Chatel, dans un entretien accordé au Figaro.
"La désobéissance, ça me paraît assez peu compatible avec ce qu'est le métier d'enseignant. Un enseignant, il doit faire obéir ses élèves, il incarne l'autorité. Donc, il y aurait un véritable paradoxe que lui-même ne s'applique pas ses propres règles"
Vous avez bien lu: le métier d'enseignant ce n'est pas d'instituer des valeurs ni d'enseigner, encore moins d'éduquer, d'accompagner.. non, c'est de faire obéir les élèves.
J'en suis resté tout rêveur... C'est donc pour ça que je suis payé? Notre ministre est il donc à ce point ignorant de ce qu'est l'enseignement primaire? Est il à ce point spirituellement mutilé par ses ambitions que pour lui mon rôle soit de faire obéir les enfants?
C'est pitoyable et en même temps tellement révélateur des enjeux de notre combat... Moi, le hussard de la République, vieux dinosaure en blouse noir, je ferais entrer mes élèves en classe en rang et en silence, j'imposerais le calme, l'entraide et le respect mutuel comme une fin en soi? Quelle absurdité! La fermeté est despotique quand elle n'est fondée que sur l'obéissance aveugle, livrée à l'arbitraire. N'en déplaise à monsieur le DRH, mon métier c'est d'aider les enfants à grandir et c'est tout. Je suis à leur service. Au service de tous les enfants, surtout les plus fragiles, je leur dois de leur offrir un espace de paix, de sécurité où développer leur jubilation de devenir "grands".
Devenir grand, devenir adulte ce n'est pas s'écraser, ce n'est pas se conformer aux ordres ou à la mode, c'est devenir un humain libre et responsable. La sarkosie n'en a que faire. Il lui faut des électeurs, des publivores, des consommateurs, de la chair à profit résignée et moutonnière...
Tant pis si la doctrine néolibérale emporte tout sur son passage, moi, dans mon école de campagne perdue, je continuerai tant que je pourrai, opiniâtrement à instituer, à semer, arroser, soigner des graines d'humanité.
Il a été demandé par la suite aux enseignants du primaire de professer. On les a appelés des professeurs des écoles. Ils étaient des techniciens de l'enseignement, froids et efficaces.
Comme on n'arrête pas le progrès cette époque est bientôt révolue. Je viens de l'apprendre de la bouche même de notre DRH en chef, monsieur Luc Chatel, dans un entretien accordé au Figaro.
"La désobéissance, ça me paraît assez peu compatible avec ce qu'est le métier d'enseignant. Un enseignant, il doit faire obéir ses élèves, il incarne l'autorité. Donc, il y aurait un véritable paradoxe que lui-même ne s'applique pas ses propres règles"
Vous avez bien lu: le métier d'enseignant ce n'est pas d'instituer des valeurs ni d'enseigner, encore moins d'éduquer, d'accompagner.. non, c'est de faire obéir les élèves.
J'en suis resté tout rêveur... C'est donc pour ça que je suis payé? Notre ministre est il donc à ce point ignorant de ce qu'est l'enseignement primaire? Est il à ce point spirituellement mutilé par ses ambitions que pour lui mon rôle soit de faire obéir les enfants?
C'est pitoyable et en même temps tellement révélateur des enjeux de notre combat... Moi, le hussard de la République, vieux dinosaure en blouse noir, je ferais entrer mes élèves en classe en rang et en silence, j'imposerais le calme, l'entraide et le respect mutuel comme une fin en soi? Quelle absurdité! La fermeté est despotique quand elle n'est fondée que sur l'obéissance aveugle, livrée à l'arbitraire. N'en déplaise à monsieur le DRH, mon métier c'est d'aider les enfants à grandir et c'est tout. Je suis à leur service. Au service de tous les enfants, surtout les plus fragiles, je leur dois de leur offrir un espace de paix, de sécurité où développer leur jubilation de devenir "grands".
Devenir grand, devenir adulte ce n'est pas s'écraser, ce n'est pas se conformer aux ordres ou à la mode, c'est devenir un humain libre et responsable. La sarkosie n'en a que faire. Il lui faut des électeurs, des publivores, des consommateurs, de la chair à profit résignée et moutonnière...
Tant pis si la doctrine néolibérale emporte tout sur son passage, moi, dans mon école de campagne perdue, je continuerai tant que je pourrai, opiniâtrement à instituer, à semer, arroser, soigner des graines d'humanité.